Année: 2012
Nationalité: Québec
« Salle 3 ? Pas étonnant,
c'est la plus mauvaise du ciné : ils mettent la clim à fond et
l'écran est tout petit. » J'étais donc partie pour 2h40 mal
assise et frigorifiée mais heureusement, ce n'est pas en salle 3
qu'on diffuse les plus mauvais films, bien au contraire.
Laurence Anyways, dernier film du
prodige québécois Xavier Dolan âgé de seulement 23 ans, tantôt
haï, tantôt adoré a reçu un accueil mitigé : sélectionné
dans la catégorie « Un certain regard » au dernier
festival de Cannes, il n'a pourtant attiré que 15 000 spectateurs au
Québec. Faut-il conclure à un raté du réalisateur de J'ai tué ma
mère et des Amours Imaginaires ? Analyse :
C'est l'histoire d'un homme au nom
féminin amoureux d'une femme au prénom masculin. Vous avez la
fameuse chanson d'Indochine dans la tête ? Ca tombe bien, notre
histoire se déroule à la fin des années 80. Laurence donc (Melvil
Poupaud), professeur de littérature et poète primé vit heureux
avec sa dulcinée Fred (Suzanne Clément). Seulement voilà, Laurence
n'est pas heureux car Laurence souhaite en fait devenir une femme.
Non il n'est pas homosexuel, il veut juste devenir une femme. Ainsi,
c'est une période de dix ans que va dépeindre ce film, dix ans
d'amour et de séparations, d'acceptation et de rejet.
Si la critique a eu raison de souligner
la performance d'acteur de Melvil Poupaud, pour ma part c'est Suzanne
Clément qui retient mon attention car elle y est bouleversante. On
retiendra aussi les répliques cinglantes de Nathalie Baye et Monia
Chokri qui dotent le film de la dose d'humour vache qui convient.
Mais outre les acteurs, c'est la
réalisation qu'il faut souligner. A 23 ans, Dolan a déjà du métier
et de nombreuses influences, en témoignent les nombreux ralentis
rappelant le cinéma de Wong Kar-Wai. Laurence Anyways est d'une
beauté rare où aucun détail n'est laissé au hasard :
costumes, décors, musique, rien n'échappe au regard esthète de
Dolan, preuve en est l'incroyable scène de bal sur fond de « Fade
To Grey » de Visage.
Mais à force d'en faire des tonnes, on
finit par en faire trop. Il est vrai que 2h40 pour un sujet pareil,
c'est long et que peu importe la beauté des ralentis, on frôle
l'overdose et on aurait envie de demander à Dolan de privilégier ce
qui fait avancer l'histoire plutôt que nous montrer des feuilles qui
volent, de l'eau qui tombe car c'est bien beau, mais ça casse le
rythme et on se les pelle dans la salle 3.
Dolan ne fait donc pas dans la retenue
mais Laurence Anyways reste un film remarquable, d'une maturité rare
quant au sujet qu'il traite. Espérons que le faible nombre d'entrées
ne nous prive pas d'un quatrième Dolan.
Note: 4/5
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