jeudi 26 juillet 2012

La Vie est Belle

Titre original: La Vità è bella
Réalisateur: Roberto Benigni
Année: 1997
Nationalité: Italie

« Buongiorno Principessa ! » Ces mots résonnent encore dans ma tête. Douceur et douleur sorties de la bouche de cet italien, à la bonne humeur sans pareille, qu'est Robert Benigni.


Récompensé par 3 Oscars dont celui du meilleur film étranger ( le discours de remerciement - ici -  est d'ailleurs resté dans les annales de l'Académie), Grand prix du jury à Cannes en 1998, La vie est belle nous conte une histoire belle et cruelle qui prend aux tripes et ne laisse personne indifférente. Cette histoire c'est celle d'un juif italien sous le régime de Mussolini qui courtise la femme qu'il aime. Le couple se marie et donne naissance à un petit garçon fasciné par les chars d'assaut. Alors que le régime se durcit envers les juifs, le père et son fils sont déportés vers un camp d'extermination. La mère, refusant de les abandonner préfère se faire déporter elle aussi. Commence alors la vie que l'on sait : les baraquements, les fusillades, la cruauté des Kapos, la famine... mais c'est sans compter la volonté de ce père, éternel optimiste, qui n'hésite pas à faire croire à un jeu pour sauver son fils. Reste caché et tu gagneras des points, obtiens mille points et tu gagneras un vrai char d'assaut !

C'est donc une histoire d'amour d'un père pour son fils et d'un mari pour sa femme enfermée à l'autre bout du camp, à qui il tentera par tous les moyens de donner signe de vie. C'est un film sur le bonheur, la naïveté ; une naïveté touchante et qui fait mal car tant de douceur et d'humanisme dans ce contexte inhumain ne peut que nous prendre au tripes. Sans jamais tomber dans le pathos facile, Benigni livre ici une merveilleuse leçon d'espoir à travers le personnage d'un homme toujours à contre-courant du reste de la société. Et n'oublions pas de mentionner la qualité de la bande originale signée Nicola Piovani


C'est donc sans exagérer un des films qui m'a le plus émue, peut être du fait du découpage du film: la première partie ne montre pas le destin tragique qui attend le héros mais en donne seulement des indices (le "cavallo ebreo", les pancartes "interdit aux chiens et aux juifs" etc...), la gravité de la deuxième partie prendrait presque le spectateur par surprise, et c'est qu' il en faut beaucoup pour surprendre lorsqu'on traite d'une des périodes de l'Histoire mondiale les plus relatées au cinéma...

Note: 5/5

Laurence Anyways

Réalisateur: Xavier Dolan
Année: 2012
Nationalité: Québec

« Salle 3 ? Pas étonnant, c'est la plus mauvaise du ciné : ils mettent la clim à fond et l'écran est tout petit. » J'étais donc partie pour 2h40 mal assise et frigorifiée mais heureusement, ce n'est pas en salle 3 qu'on diffuse les plus mauvais films, bien au contraire. 


Laurence Anyways, dernier film du prodige québécois Xavier Dolan âgé de seulement 23 ans, tantôt haï, tantôt adoré a reçu un accueil mitigé : sélectionné dans la catégorie « Un certain regard » au dernier festival de Cannes, il n'a pourtant attiré que 15 000 spectateurs au Québec. Faut-il conclure à un raté du réalisateur de J'ai tué ma mère et des Amours Imaginaires ? Analyse :

C'est l'histoire d'un homme au nom féminin amoureux d'une femme au prénom masculin. Vous avez la fameuse chanson d'Indochine dans la tête ? Ca tombe bien, notre histoire se déroule à la fin des années 80. Laurence donc (Melvil Poupaud), professeur de littérature et poète primé vit heureux avec sa dulcinée Fred (Suzanne Clément). Seulement voilà, Laurence n'est pas heureux car Laurence souhaite en fait devenir une femme. Non il n'est pas homosexuel, il veut juste devenir une femme. Ainsi, c'est une période de dix ans que va dépeindre ce film, dix ans d'amour et de séparations, d'acceptation et de rejet.

Si la critique a eu raison de souligner la performance d'acteur de Melvil Poupaud, pour ma part c'est Suzanne Clément qui retient mon attention car elle y est bouleversante. On retiendra aussi les répliques cinglantes de Nathalie Baye et Monia Chokri qui dotent le film de la dose d'humour vache qui convient.
Mais outre les acteurs, c'est la réalisation qu'il faut souligner. A 23 ans, Dolan a déjà du métier et de nombreuses influences, en témoignent les nombreux ralentis rappelant le cinéma de Wong Kar-Wai. Laurence Anyways est d'une beauté rare où aucun détail n'est laissé au hasard : costumes, décors, musique, rien n'échappe au regard esthète de Dolan, preuve en est l'incroyable scène de bal sur fond de « Fade To Grey » de Visage.


Mais à force d'en faire des tonnes, on finit par en faire trop. Il est vrai que 2h40 pour un sujet pareil, c'est long et que peu importe la beauté des ralentis, on frôle l'overdose et on aurait envie de demander à Dolan de privilégier ce qui fait avancer l'histoire plutôt que nous montrer des feuilles qui volent, de l'eau qui tombe car c'est bien beau, mais ça casse le rythme et on se les pelle dans la salle 3.

Dolan ne fait donc pas dans la retenue mais Laurence Anyways reste un film remarquable, d'une maturité rare quant au sujet qu'il traite. Espérons que le faible nombre d'entrées ne nous prive pas d'un quatrième Dolan. 

Note: 4/5

mercredi 25 juillet 2012

Batman : the Dark Knight Rises


Réalisateur: Christopher Nolan
Année: 2012
Nationalité: anglo-américaine

Mardi 24 Juillet, il est 20h et la tension est palpable dans la salle pleine à craquer alors que le film ne début que dans une demi-heure. Ambiance un peu geeky, défilé de fans en costume, je suis bien à l'avant-première du film le plus attendu de l'année. 


Troisième et dernier volet de la saga Batman by Nolan après Batman Begins en 2005 et The Dark Knight en 2008, cet opus raconte le retour de Bruce Wayne forcé de redevenir Batman après 8 ans d'absence pour tenter de sauver Gotham City de la menace de Bane, un individu masqué décidé à semer la terreur sur la ville tandis qu'une voleuse aux allures de chat contribue à compliquer un peu plus ce joyeux bordel.

Outre le fait que l'excellente BO de Hans Zimmer, compositeur des deux premiers opus, plonge instantanément le spectateur dans cette ambiance angoissante, elle permet de venir à bout très facilement des 2h45 de film et souligne le talent de conteur d'histoire de Nolan : après la peur et le chaos, le thème de la douleur conclut de façon magistrale cette trilogie. On retrouve au casting de ce volet le grand et beau Christian Bale, son fidèle majordome Michael Caine, Morgan Freeman, Gary Oldman auxquels s'ajoutent une Anne Hathaway détonnante en Catwoman et une Marion Cotillard qui a vachement bien bossé son anglais. Mention spéciale pour la badassification de Joseph Gordon-Levitt, l'amoureux transi de 500 Jours ensemble et pour l'apparition de Cilian Murphy alias Jonathan Crane dont la présence ravira les fans de la saga. 


Si la première partie était en dessous de mes attentes, notamment à cause de Tom Hardy dont la performance dans la peau de Bane est bien en dessous de l'inoubliable Heath Ledger en Joker dans The Dark Knight, la faute au personnage; la deuxième partie parvient à convaincre grâce à de nombreux rebondissements et actions spectaculaires : de quoi remuer de bonheur sur son siège. Nolan ne laisse rien au hasard et multiplie les références aux volets précédents - il est donc bon de se replonger dedans avant de voir le film même si le contraire ne dérange pas la compréhension globale du film – et offre une conclusion épique à une saga complexe et terriblement bien pensée mêlant fantaisie et réflexions politiques.
Nolan a beau jurer qu'il s'agit là de son dernier Batman, il s'amuse à nous laisser espérer une suite, un éternel retour du héros... et ce ne serait pas de refus.


Note: 4,5/5