jeudi 26 juillet 2012

Laurence Anyways

Réalisateur: Xavier Dolan
Année: 2012
Nationalité: Québec

« Salle 3 ? Pas étonnant, c'est la plus mauvaise du ciné : ils mettent la clim à fond et l'écran est tout petit. » J'étais donc partie pour 2h40 mal assise et frigorifiée mais heureusement, ce n'est pas en salle 3 qu'on diffuse les plus mauvais films, bien au contraire. 


Laurence Anyways, dernier film du prodige québécois Xavier Dolan âgé de seulement 23 ans, tantôt haï, tantôt adoré a reçu un accueil mitigé : sélectionné dans la catégorie « Un certain regard » au dernier festival de Cannes, il n'a pourtant attiré que 15 000 spectateurs au Québec. Faut-il conclure à un raté du réalisateur de J'ai tué ma mère et des Amours Imaginaires ? Analyse :

C'est l'histoire d'un homme au nom féminin amoureux d'une femme au prénom masculin. Vous avez la fameuse chanson d'Indochine dans la tête ? Ca tombe bien, notre histoire se déroule à la fin des années 80. Laurence donc (Melvil Poupaud), professeur de littérature et poète primé vit heureux avec sa dulcinée Fred (Suzanne Clément). Seulement voilà, Laurence n'est pas heureux car Laurence souhaite en fait devenir une femme. Non il n'est pas homosexuel, il veut juste devenir une femme. Ainsi, c'est une période de dix ans que va dépeindre ce film, dix ans d'amour et de séparations, d'acceptation et de rejet.

Si la critique a eu raison de souligner la performance d'acteur de Melvil Poupaud, pour ma part c'est Suzanne Clément qui retient mon attention car elle y est bouleversante. On retiendra aussi les répliques cinglantes de Nathalie Baye et Monia Chokri qui dotent le film de la dose d'humour vache qui convient.
Mais outre les acteurs, c'est la réalisation qu'il faut souligner. A 23 ans, Dolan a déjà du métier et de nombreuses influences, en témoignent les nombreux ralentis rappelant le cinéma de Wong Kar-Wai. Laurence Anyways est d'une beauté rare où aucun détail n'est laissé au hasard : costumes, décors, musique, rien n'échappe au regard esthète de Dolan, preuve en est l'incroyable scène de bal sur fond de « Fade To Grey » de Visage.


Mais à force d'en faire des tonnes, on finit par en faire trop. Il est vrai que 2h40 pour un sujet pareil, c'est long et que peu importe la beauté des ralentis, on frôle l'overdose et on aurait envie de demander à Dolan de privilégier ce qui fait avancer l'histoire plutôt que nous montrer des feuilles qui volent, de l'eau qui tombe car c'est bien beau, mais ça casse le rythme et on se les pelle dans la salle 3.

Dolan ne fait donc pas dans la retenue mais Laurence Anyways reste un film remarquable, d'une maturité rare quant au sujet qu'il traite. Espérons que le faible nombre d'entrées ne nous prive pas d'un quatrième Dolan. 

Note: 4/5

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