dimanche 2 septembre 2012

We need to talk about Kevin

Réalisateur: Lynne Ramsay
Année: 2012
Nationalité: Royaume-Uni

Qu'on se le dise, ce film est impressionnant. Ce thriller psychologique mettant en scène Tilda Swinton et Ezra Miller promet d'occuper mon Top 100 pendant un certains temps. 

We need to talk about Kevin nous conte les méandres d'une mère qui se bat pour créer des liens avec son fils qui, dès l'enfance, présente tous les symptômes de la psychopathie. Le film alterne la vie présente de cette femme qui tente de se reconstruire après que son fils ait commis l'irréparable, et son passé, l'éducation impossible de son enfant et l'aveuglement de son mari. 


Présenté à Cannes en 2011, la critique avait parié sur un prix d'interprétation pour Tilda Swinton au sommet dans ce rôle de femme soumise. Ce sera finalement Kirsten Dunst qui décrochera ce titre prestigieux pour Mélancholia. Soulignons aussi le talent de Jasper Newell et d'Ezra Miller respectivement dans les rôles de Kevin enfant puis adolescent dont la performance n'a strictement rien à envie au Joker d'Heath Ledger.
Le génie de Lynne Ramsay est là: amener le spectateur à faire preuve d'empathie pour cette pauvre femme qui se bat pour comprendre son fils alors que, justement, son entourage ne perçoit pas sa détresse. Et il y a ce titre " Il faut qu'on parle de Kevin", comme un besoin inavoué, une discussion qui n'aura jamais lieu et conduira tragiquement au massacre. C'est surtout à la réalisation qu'on doit cette manifestation d'empathie: lente et violente, comme la révélation du plan effroyable de Kevin. Le film s'ouvre sur une scène extrêmement colorée: des corps s'entrechoquent, on ne sait si on a affaire à une émeute ou une scène de liesse, un rituel de renaissance. Tout le film est basé sur l'omniprésence de la couleur rouge, lourde de symbolique et agressive à l'oeil, aussi bien dans la lumière que les décors. La réalisatrice s'attarde aussi sur ces petites manies du quotidien dont on ressent immédiatement la douleur et le dégout. Un tel souci du détail que voir quelqu'un se ronger les ongles ou un pan de poster décollé du mur devient un supplice et on comprend cette femme qui en arrive à écouter les bruits d'un marteau-piqueur tellement les cris de son bébé sont insupportables. 


La vue, l’ouïe, le goût et le toucher; presque tous les sens sont démultipliés. On en devient maniaque, à la limite de la névrose. C'est donc un film basé sur une psychologie fine et juste et dont la première réussite fut d'avoir su suggéré assez d'éléments pour être explicite sans pour autant montrer des évidences qui viendraient alourdir le tout, car la condition de Kevin, on la devine mais on ne met jamais le mot dessus. Peu de dialogues donc mais une mise en scène complète et virtuose.

Note: 4,5/5

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire